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Quentin, une vie à gauche !
26 janvier 2006

2006 : Année politique Par JC Cambadélis

imagesjccLa France est sidérée

La France est sidérée. Sidérée par les témoignages des acquittés du procès d’Outreau. Sidérée par ces quatorze vies brisées et même sauvées in extremis par la cours d’appel nouvellement introduite pour des procès d’assises. Sidérée devant une inhumanité révélée. Sidérée que rien n’est enrayé la machine judiciaire. L’institution dans sa forme actuelle en sort ébranlée. L’impact médiatique est considérable et l’emballement n’a comme précédent que… « l’affaire Outreau », elle-même. De même que les évènements de Bruai en Artois en 1968/70 ouvrirent le cycle de la mise en cause des puissants avec son triptyque, de la transparence pour l’accusation, de l’indépendance pour l’accusation, de la protection pour l’accusation. Avec comme conséquence la rupture du cordon ombilical entre le pouvoir et les juges, c’est-à-dire un progrès pour la démocratie.

Aujourd’hui le cycle de la défense est ouvert. Les droits du citoyen, les possibilités d’appel ; La médiatisation pour la défense, bref, les droits de la défense ont de beaux jours devant eux. Le lancement d’un comité « France justice » le démontre (acquittés d’Outreau, Patrick Dills, Seznec). Il peut sembler vain de croire que la forme de la procédure mettrait une société à l’abri de l’erreur. Le code de procédure à l’Américaine semble avoir le vent en poupe. Qui peut croire que celui-ci peut prévenir de l’erreur judicaire ? Ne dit-on pas que 6% des condamnés à mort sont innocents. Mais la volonté de se prémunir contre l’erreur judiciaire et la toute puissance d’un juge va être forte. Le climat était à punir, il va être à se prémunir…

 

La guerre des trois

La marque de la rentrée politique réside dans la « guerre des trois ». La querelle de l’Etat, querelle au cœur de l’Etat, querelle des trois, Chirac, Villepin, Sarkozy. Cette querelle est proprement indécente au regard des problèmes qui assaillent la France. Pour ses vœux, Villepin se refuse de citer le Président de la République alors qu’il est son premier ministre. On a parlé alors d’une émancipation douce. Nicolas Sarkozy, lui, cite son président mais c’est pour mieux le moquer. Alors Jacques Chirac, pathétique, se lance dans une course effrénée de vitesse pour mieux distancer ses « compères ». Ces deux derniers se précipitent dans la compétition avec une telle frénésie que l’on se demande si ces deux-là, n’envisagent pas un dénouement avant la fin du semestre…

Nous vivons donc la décomposition des années Chirac. D’ailleurs nos partenaires Européens ont intégré cette donne. Ils ne négocient pour ainsi dire plus. Ils sont dans l’attente d’une nouvelle architecture. Nous vivons la fin d’une séquence que Jacques Chirac veut prolonger et ses lieutenants souhaitent hâter l’agonie.

Nous allons vivre une période inédite en France. La droite au pouvoir nous fait vivre une pré-présidentielle rampante ! Qui devrait durer 18 mois ! Pendant ce temps la France sera sans pilote. Pendant que se succèdent les propositions, et les contre-propositions, les sorties et les contre sorties, les images, et les contre images. Pendant que la France est précipitée en campagne, les Français voient leur quotidien s’abîmer et leur avenir s’assombrir.

Un nouveau CIP qui ne passe pas

La France est aussi marquée par la défaite de la pensée sociale. Les libéraux n’en ont pas. Les radicaux n’y croient pas. Et de nombreux responsables socialistes pensent qu’il vaut mieux chevaucher le populisme qu’imaginer et proposer une France plus juste.

La proposition de Monsieur de Villepin sur le Contrat Première Embauche est à la fois le produit de cette absence de pensée et la concurrence à la dérégulation avec Sarkozy.

Dès qu’il le peut, Nicolas Sarkozy rajoute une page au Code de procédure pénale et de Villepin en déchire une du Code du travail. C’est la surenchère dans la régression. Nous l’avons vu avec le CNE.

Mais avec l’annonce du Contrat première Embauche, avec une précipitation toute électorale ; Le 1er ministre a peut-être fait un faux pas comme Monsieur Balladur le fit en son temps avec le CIP.

Commencer par la jeunesse pour s’attaquer au Code du travail voilà qui est osé. Surtout quand cette même jeunesse a au creux de l’oreille l’insulte de « racaille » qui tourne en boucle. Voilà un mélange détonnant, qui combiné aux réactions syndicales, peut produire un mouvement de fond. Surtout si le Parti Socialiste fait de cette question le combat emblématique contre la rupture avec notre modèle. Le PS s’honnorerait à proposer à toute la gauche un appel commun au retrait du CPE, et pourquoi pas une pétition voir le soutien aux manifestations.

La candidature unique

Pour ceux qui militent pour le « parti de toute la gauche », une candidature unique, qui implique un programme unique et des candidatures uniques aux législatives, voilà qui sonne doux aux oreilles…

Mais, force est de constater que l’on n’en prend pas le chemin du candidat de toute la gauche. D’abord parce que nos partenaires n’ont pas envie de ne pas se présenter. Et lorsqu’ils l’envisagent c’est malheureusement réservé à ceux qui ont dit « non » au Traité constitutionnel. Faux prétexte, on le sait, mais à qui les référendums ont donné un peu de consistance.

On ne le sait peut-être pas mais on a balayé notre proposition de se rassembler d’abord contre la droite. Et ceci avec les mêmes certitudes vaguement agacées que celles-ci nous furent opposées lorsque nous nous étions interrogé sur le référendum ou sur la nécessité de se distinguer de Chirac car le « non » au Traité avait des chances de l’emporter. Tout cela est navrant. Pourtant obtenir que toute la gauche reconnaissance, par cette critique commune : que « la gauche et la droite ce n’est pas du pareil au même ». N’est-ce pas préparer le deuxième tour de la présidentielle. Si par hasard évidemment, il n’y avait pas de candidature unique. Cela ne serait pas totalement inutile. C’est permettre à ceux qui le souhaitent de préparer un « programme durable » qui n’est pas le programme unique de la gauche mais son programme commun pour l’alternative. Cela offrirait un chemin praticable. C’est enfin démontrer, si certains refusaient cette démarche, qu’ils préfèrent toujours une bonne droite au faux prétexte d’une fausse gauche. Cela pourrait se révéler utile dans la confrontation qui nous attend.

D’autre part la gauche ne doit pas s’enfermer dans « la querelle des appareils et des appareillons ». Les partis sont nécessaires et indispensables mais ils ne sont pas toute la gauche.

Il ne s’agit plus de se mettre d’accord seulement électoralement comme dans les années 70, de définir des programmes octroyés comme dans les années 80. Mais de mettre en mouvement des propositions alternatives, audacieuses et réalistes.

En ce 70ème anniversaire du Front Populaire, nous devons nous inspirer de ce qui fit monter l’espoir de tout un peuple : Conquérir de nouveaux droits et fonder une société juste.


Retrouvez le bloc-note politique hebdomadaire de Jean-Christophe Cambadélis sur

http://cambadelis.over-blog.net/categorie-432195.html

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