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Quentin, une vie à gauche !
10 février 2006

Le combat pour ou contre le CPE

La plupart des éditorialistes commentent, mardi 7 février, le combat pour ou contre le Contrat première embauche.

LE FIGARO
Philippe Reclus

"La condamnation du CPE par la gauche et par les syndicats ressemble donc plus que jamais à un combat idéologique qui n'a plus rien à voir avec le débat sur la lutte contre ce mal endémique qu'est le chômage. Personne ne doute que cette réforme leur offre un thème fédérateur après lequel ils courent pour replâtrer leur unité perdue en rêvant à un hypothétique " remake " du feuilleton du CIP d'Edouard Balladur. Mais la vraie question est ailleurs. Elle est de savoir si la société française est mûre pour tirer les leçons de plus de vingt ans de politiques de l'emploi impuissantes. Pris sous cet angle, le CPE marque une étape cruciale. Par rapport au passé. Parce qu'il est à même de symboliser une véritable rupture dans la façon dont on aborde la question en France. Pour l'avenir.

Parce qu'il permettra de dire si l'opinion est prête à s'engager sur la voie d'un changement radical, celui qui consiste non pas à jeter, d'un coup, l'ensemble du modèle social français, mais à parvenir, par touches successives, à lever méthodiquement les verrous qui barrent l'accès au marché du travail".

LA TRIBUNE
Pascal Aubert

"Les jeunes dans leur ensemble font preuve d'une lucidité qui fait souvent défaut à ceux qui parlent en leur nom. À travers les sondages, leur jugement sur le CPE apparaît mesuré et partagé. Ni vraiment convaincus de la réalité des bienfaits annoncés par le gouvernement, ni totalement dupes des tares dénoncées par ses détracteurs. En un sens, les jeunes semblent aborder le sujet avec un esprit pratique que leurs aînés ont perdu depuis longtemps. Un CDI dès leur premier emploi, ils sont preneurs bien sûr, mais ils savent que la probabilité est infime. Alors, sans s'en réjouir, ils acceptent, comme un point de passage obligé, une phase initiale de précarité dans leur cursus professionnel.
Le CPE propose pour cette précarité un cadre qu'il est permis de juger incomplet ou insuffisant. Et qu'il serait intelligent d'améliorer. Mais faire miroiter comme certains l'abolition de l'emploi précaire relève de la fable de la part des mieux intentionnés et de la mystification pour les autres".

LIBERATION
Antoine de Gaudemar

"Entre résignation - le CPE vaut mieux que rien - et rejet, la précarité, ça suffit. Le gouvernement sait qu'il peut profiter de ces hésitations compréhensibles, c'est même ce qui le rend si déterminé à aller vite. Mais il doit se méfier : économiquement avantageuse, notamment sur le plan de la flexibilité, la précarité a son revers (...). Trimballée depuis des années de stage en stage et de CDD en CDD, la "génération précaire" aura du mal à se reconnaître dans une société si peu soucieuse de l'accueillir du mieux possible et lui fera payer cette insécurité sociale à un moment ou à un autre.
Ce n'est pas l'un des moindres défauts du CPE que cette stigmatisation par l'âge : s'il est vrai qu'à 20 ans on n'envisage pas l'avenir comme à 30 ou 40, et qu'on a la vie devant soi, ce n'est absolument pas une raison pour ne pas avoir les mêmes droits que tous".

L'HUMANITE
Jean-Paul Pierot

"Et c'est cela que Dominique de Villepin ose qualifier de "projet le plus social jamais élaboré pour les jeunes" ! Un projet tellement "avantageux et protecteur" que l'on prête au premier ministre d'intention de recourir au 49-3 si le débat parlementaire, engagé par une procédure d'urgence, se prolonge trop à son goût. Après avoir instauré le CNE par voie d'ordonnance, le CPE serait donc décidé sans vote, et sans la moindre concertation avec les syndicats. Et pour quels résultats ? La promesse d'une évaluation "avec les partenaires sociaux" du premier bilan du CNE n'a pas été tenue. Le pouvoir espérait-il cacher à l'opinion ces premiers "licenciements CNE" qui apparaissent actuellement un peu partout en France ? Et qui sont une préfiguration de ce qui risque hélas prévisiblement de se généraliser parmi les jeunes avec le CPE".

SUD-OUEST
Frank De Bondt

"(Les jeunes) en ont peut-être assez d'être baladés par des politiques qui leur taillent des contrats dont la durée est indexée sur les échéances électorales. Un CPE de deux ans garantit, en effet, à la droite quelques milliers d'embauches d'ici l'an prochain mais laissera au prochain gouvernement le décompte des " sorties ". De la même façon, les précaires emplois jeunes de Lionel Jospin, renouvelables pendant cinq ans, ont débouché sur le vide après 2002. Le Premier ministre parie aujourd'hui sur l'accoutumance des jeunes à la précarité et leur offre une version modélisée de celle-ci. La gauche et les syndicats, au contraire, misent sur un sursaut de la jeunesse, dont ils espèrent tirer quelques bénéfices, afin de masquer l'indigence de leurs propositions de rechange".

L'EST REPUBLICAIN
Pierre Taribo

"Dominique de Villepin a commis avec le CPE une double faute qui témoigne de son inexpérience politique. L'une consiste à mettre la jeunesse dans la rue. Si l'on veut bien se souvenir de la loi Devaquet en 1986 ou du CIP en 1994, ces mouvements de rejet ne sont jamais très bons avant une échéance majeure. Certes, Dominique de Villepin a eu le sentiment justifié que les jeunes avaient besoin de solutions concrètes pour sortir de l'impasse du chômage. Mais il a touché au verrou du code du travail et surtout il n'a pas réussi à faire disparaître l'impression qu'au lieu d'offrir de la sécurité et des perspectives, le CPE ne proposait que de la précarité accentuée. Deuxième bévue: en voulant montrer que tout est possible, le Premier ministre donne l'impression de s'attaquer au modèle social français. Du coup il risque de payer la note des deux côtés de l'échiquier politique".

LE PROGRES
Francis Brochet

"L'affaire du CPE, a décidé le Premier ministre, doit être réglée à la fin de la semaine.
Pourquoi tant de hâte ? Lisons " Le cri de la gargouille ", publié en 2002 par un certain Dominique de Villepin : " La difficulté de la réforme en France naît de ce dilemme : chercher l'appui de tous, au risque de s'enliser, ou jouer de l'autorité ou de la surprise, au risque de coaliser les oppositions et provoquer l'explosion ". Le Premier ministre préférerait ainsi l'explosion à l'enlisement. Cela rappelle octobre 1995 : Alain Juppé avait mis la France dans la rue, pour être passé en force sur l'assurance maladie L'auteur du " Cri " assume l'héritage de son mentor : " L'histoire rendra hommage au courage politique et au sens de l'Etat d'Alain Juppé, frappé du sceau de la volonté en dépit d'une certaine précipitation que commandait l'urgence ". Vitesse, précipitation, urgence ? L'histoire jugera".

LA REPUBLIQUE DU CENTRE
Jacques Camus

"Il s'agissait pour lui, en assumant seul la réforme contre l'avis de son entourage, d'afficher sa stature présidentielle.
Les sondages montrent que le Premier ministre, si soucieux d'affirmer que son projet n'était ni de droite ni de gauche, n'a pas su éviter le piège de la politisation. L'opposition, peu soucieuse de nuances, n'a pas hésité à brandir l'emblème d'une jeunesse méprisée et sacrifiée pour rameuter. Avouons que l'autorisation du travail nocturne pour les mineurs, votée en catimini par l'UMP dans la nuit de jeudi à vendredi, ne pouvait être plus inopportune dans ce contexte. Il y a des réformes qui, ainsi, s'écroulent sous le poids des symboles!"

LE DAUPHINE LIBERE
Didier Pobel

"Quoi qu'il en soit, le CPE sera d'abord cet après-midi un Contrat pour l'empoignade. Empoignade sociale dans la rue transformée en baromètre de la "déclinologie" ambiante. Empoignade politique à l'Assemblée dans la pure tradition des joutes idéologiques. Ce sont donc tous ces CPE qui vont se confronter - ou se conjuguer - au cours de cette journée-test du 7 février. Une multitude de CPE auxquels il convient d'en ajouter un autre.
Et pas des moindres puisqu'il participe grandement de la ligne de clivage des opinions. Ce CPE-là, c'est celui de Dominique de Villepin. Son éventuel futur Contrat pour l'Élysée".

LA NOUVELLE REPUBLIQUE DU CENTRE-OUEST
Hervé Cannet

"Si les premières prises de pouls de l'opinion semblaient lui donner raison, la tendance n'est plus aussi nette. (...) Dominique de Villepin, qui ne s'est jamais colleté avec le suffrage universel (et Dieu sait si les sarkozystes le lui reprochent), n'a pas encore connu de test majeur. Entre les défilés partout en France et les escarmouches du Palais Bourbon, le Premier ministre va confronter ses certitudes aux réalités du pays. Ce soir, la comptabilité du nombre de manifestants va être épluchée comme rarement. À Matignon, évidemment, mais aussi rue de Solférino et... place Beauvau".

LE HAVRE-PRESSE
Jean-Marie Gautier

"Alors que le Premier ministre veut lancer son contrat première embauche (CPE) parce que cela signifie donner une chance supplémentaire, syndicats et leaders de l'opposition dénoncent et vitupèrent, au nom du code du travail et en craignant une précarité accrue. Et une fois de plus les Francais sont appelés à défiler, à s'opposer.
Tradition? Réflexe? On peut s'interroger sur ces réponses automatiques, sur ces manifestations dans lesquelles les manoeuvres politiques ne sont pas absentes".

NICE MATIN
Marc Chevanche

"Renonçons à spéculer sur le bien-fondé du Contrat première embauche et ne retenons que les rituels qui entourent sa délibération.
Dans cette dimension sociale, le rituel est bien établi : un front syndical, une manifestation, une mobilisation étendue à la Fonction publique et aux organisations syndicales, étudiantes et lycéennes. C'est de la part prise par ces dernières que dépend beaucoup le succès de l'opération. Les enquêtes montrent que les jeunes concernés manifestent peu d'enthousiasme pour la formule mais, en même temps, ils apparaissent résignés à sa mise en place. On peut alors imaginer une journée de mobilisation réussie qui, cependant, n'ayant pas de suite, laisserait le champ libre au gouvernement".

LE MIDI LIBRE
Michel Noblecourt

"Le Premier ministre est un homme pressé et déterminé. En greffant le CPE au texte sur l'égalité des chances, il a joué l'urgence. Forte ou mitigée, la journée du 7 février pourrait l'inciter à recourir à l'article 49-3 de la Constitution, selon lequel un texte est adopté sans débat, sauf en cas de dépôt (déjà assuré) d'une motion de censure. Mais s'il cède à cette tentation, M. de Villepin accréditera l'idée que, décidément, il traite la concertation sociale et le Parlement à la hussarde".

LA MARSEILLAISE
Christian Digne

"Villepin, en accord avec Sarkozy, réalise ce qu'aucun conservateur n'avait osé entreprendre depuis la Libération : abaisser l'âge de la scolarité obligatoire. Mais tout n'avait pas encore été avoué. Il a fallu, dans la nuit de jeudi à vendredi, la persévérance de députés communistes et socialistes pour contraindre les ministres à confirmer la légalisation du travail de nuit pour les adolescents de 15 ans. Voilà ce que Villepin appelle l'égalité des chances. devant les reculs sociaux. Aujourd'hui, point d'orgue de cette offensive contre le modèle social français, l'amendement CPE entre en scène à l'Assemblée et dans la rue.
De plus en plus inquiet, le Premier ministre menace de dégainer le 49-3 afin de censurer la parole des parlementaires et des manifestants. Mais plus ces derniers seront nombreux, plus l'ultime manoeuvre de Matignon restera vaine".

LES DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE
Olivier Picard

"Dominique de Villepin survivra-t-il à cette journée de manifestations contre son contrat première embauche ? (...) Par une précipitation peu lisible et difficilement justifiable -qui contredit l'approche mesurée et intelligemment modeste d'un Jean-Louis Borloo- il a dressé contre lui une opposition frontale qui ne veut même plus l'entendre. Comment réussir, sérieusement, quand l'unanimité des syndicats est réunie contre le projet ? La fermeté d'une CFDT traditionnellement ouverte indique toutes les limites d'une offensive personnelle, style Blitzkrieg, contre le chômage. Toujours aussi pauvre dans notre pays, le dialogue social a été, une nouvelle fois, ignoré au nom d'une religion assez prétentieuse de l'efficacité".

L'UNION
Hervé Chabaud

"Le fait d'avoir près d'un jeune sur quatre au chômage ne préfigure-t-il pas le niveau général des sans-emploi demain si rien n'est fait pour offrir d'autres possibilités d'avoir du travail ? Ce n'est pas la panacée mais cela mérite réflexion. Parce qu'aucun pays ne peut rester inerte lorsque sa jeunesse peine autant à bâtir son avenir ou même à l'imaginer. Un gouvernement ne peut pas être le spectateur de la désespérance et a donc une ardente obligation à l'action expliquée et justifiée par la conjoncture. C'est à quoi s'est employé le Premier ministre. Il vit ce mardi son rendez-vous le plus sensible depuis son accès à Matignon. Son avenir de présidentiable est aussi en jeu".

L'ALSACE
Francis Laffon

"Le Premier ministre, c'est son pari, espère notamment être crédité d'une chose : le fait d'agir.
En concurrence avec son hyperactif ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, dans la course suprême, cette image de dynamisme peut lui ouvrir le CPE (Chemin Pour l'Elysée), à condition que la rue ne se mette pas en travers de cette ambition. Passera ? Passera pas, le nouveau contrat ? Ayant brandi la procédure d'urgence pour contraindre les députés à faire vite, Dominique de Villepin veut prendre les jeunes de vitesse. Sur le plan tactique, c'est gros comme une maison, trop peut-être. On a vu par le passé des mobilisations se dessiner avec lenteur, mais finir par prendre force. En milieu étudiant et lycéen, ce scénario n'est pas à exclure. La journée d'action de ce mardi sera donc un test, mais un premier test seulement".

L'INDEPENDANT DU MIDI
Bernard Revel

"En parfait optimiste, Dominique de Villepin est persuadé, pour sa part, que le mouvement n'ira pas loin et qu'au bout du compte, son CPE, il l'aura. Si tel était le cas, il devrait se garder de crier victoire trop vite. Car c'est alors, peut-être, que les vraies difficultés vont commencer. Pour l'instant, le CPE n'existe qu'en paroles. Les uns le vilipendent, les autres le portent aux nues.
Il n'est sans doute ni aussi noir ni aussi blanc qu'on veut bien le dire. Le mieux serait, après tout, de le voir à l'ouvre. Les mots disent une chose et son contraire, mais c'est la réalité qui compte. C'est elle qui permettra de juger objectivement ce que vaut le CPE. Il suffira de comparer les statistiques du chômage avant et après. Alors, et alors seulement, on saura ce que vaut Dominique de Villepin".

LA REPUBLIQUE DES PYRENEES
Jean-Marcel Bouguereau

"Aujourd'hui, ce premier test social pour Villepin correspond à une très nette baisse de popularité en même temps qu'à une évolution de l'appréciation des jeunes sur ce CPE, moins favorables à ce système qu'ils l'étaient il y a encore quinze jours. Cela signifie-t-il que la mobilisation a fait son effet ? On le saura ce soir. Mais la gauche pourrait s'illusionner si elle espère rééditer le mouvement qui avait conduit Balladur, en 1994, à reculer sur son projet de SMIC-jeunes. C'est qu'aujourd'hui un jeune sur quatre est au chômage et que cela change tout. On est avide d'avoir une première expérience professionnelle même si l'on sait que ce type de contrat risque d'accroître la précarité du travail. Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras".

LA CHARENTE LIBRE
Jacques Guyon

"C'est sans tenir compte des avis des ministres qui constituent le "pôle social" de son gouvernement que Villepin a lancé son CPE. Une décision personnelle qui relève d'abord d'une stratégie pour tenter de ravir la pole position à Nicolas Sarkozy dans la course à l'Elysée. Il s'agit pour Dominique de Villepin de se démarquer du pan radical-socialiste de l'héritage chiraquien, de casser son image de colbertiste, de marquer des points dans l'électorat libéral. Sauf que - et si on prend les sondages comme un bon tableau de marque - ce cadrage-débordement rappelle la piètre démonstration de nos centres français dimanche contre l'Ecosse: cinq points de moins au dernier baromètre LH2-Libération pour le Premier ministre. Pour l'heure, le CPE ne dope pas Villepin. Il le précarise".

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Commentaires
D
Je ne dirais pas largement pour le CPE, Mais pour essayer le CPE. J'ai l'impression que les gens sont toujours dans une rivalité gauche droite sans aller plus loin. Mais ce n'est que mon sentiment personnel.
Quentin, une vie à gauche !
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