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Quentin, une vie à gauche !
20 février 2006

Jacques Chirac confronté aux défaillances de ses ministres

Jacques Chirac, en déplacement en Thaïlande, puis en Inde, depuis vendredi 17 février, avec Philippe Douste-Blazy (affaires étrangères), Thierry Breton (économie), Michèle Alliot-Marie (défense) et Christine Lagarde (commerce extérieur), n'en finit pas de payer les bourdes de ses ministres. Et, l'expérience aidant, les masque ou les répare. L'épopée lamentable du Clemenceau, l'affaire Mittal-Arcelor, le nucléaire iranien : les ennuis pleuvent.

M. de Villepin paie le CPE dans les sondages

Selon le sondage mensuel de l'IFOP, paru dans Le Journal du dimanche du 19 février, le premier ministre, Dominique de Villepin, est à son plus bas niveau de popularité depuis sa nomination, avec 43 % de satisfaits, soit une chute de 9 points en un mois. Celle-ci est particulièrement marquée chez les 18-24 ans, où elle atteint 15 points. Réalisée du 9 au 17 février auprès d'un échantillon de 1 855 personnes, après que le premier ministre eut recouru à l'article 49-3 de la Constitution pour faire adopter sans vote son projet de loi sur l'égalité des chances, cette étude traduit l'hostilité rencontrée par le contrat première embauche (CPE). Le premier secrétaire du PS, François Hollande, devait défendre, mardi 21 février, une motion de censure contre le gouvernement.

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La veille du départ, Philippe Douste-Blazy a lâché une bombe sur France 2, assurant pour la première fois que l'Iran prépare "un programme nucléaire militaire clandestin". Assez fiérot, le ministre confiait en privé, vendredi, à Bangkok : "Les Britanniques me soutiennent. Les Américains aussi mais ils ne peuvent pas le dire. Pour une fois qu'on est les premiers..." Le soir, lors de sa conférence de presse, M. Chirac fait de gros efforts pour ne pas montrer que la moutarde lui monte au nez et dément tout changement de position de la France : "Vous n'imaginez pas qu'il puisse y avoir au sein du gouvernement une divergence de vues !", s'exclame-t-il. La presse insiste : programme nucléaire civil ou militaire ? "Nous verrons ce que diront les experts. Nous n'avons pas à faire des 'si'. Les experts sont là et nous diront quelle est la situation."

Et voilà M. Douste-Blazy désavoué en douceur. L'équipe de l'Elysée, et Claude Chirac en personne, déploient des trésors de diplomatie pour faire croire le contraire. Mais quand le ministre a repris la parole derrière le président, dimanche, à New Delhi, lors d'un deuxième point de presse, celui-ci s'est couvert le visage de ses mains. Un moment fugace de blues, de fatigue et d'agacement. En "off", un proche du chef de l'Etat soupire : "Douste a juste dit tout fort ce qui se dit tout bas dans toutes les chancelleries. Mais ce n'est pas à lui de le faire. Ce n'est pas un diplomate."

"VOUS VOULEZ DIRE QUELQUE CHOSE ?"

Thierry Breton et François Loos non plus, qui ont multiplié les gaffes sur l'affaire Mittal-Arcelor. Entre le ministre délégué à l'industrie qui avait déclaré, le 1er février, à l'Assemblée, "nous sommes opposés au succès de l'OPA de Mittal contre Arcelor", et celui de l'économie qui avait fait à Lakshmi Mittal, le patron d'origine indienne de Mittal Steel, des reproches d'un goût douteux, M. Chirac n'a pas été aidé. A présent, il rame. Quant au ministre de l'économie, il a perdu plusieurs kilos, mais rien de sa superbe : "Il y a zéro problème. C'est une affaire intra-européenne. Cela n'a rien à voir avec l'Inde", assure-t-il.

M. Breton s'affiche, tout sourire, au côté de la ministre de la défense pour démentir les rumeurs de bisbilles entre l'armée et les finances à propos de la gestion du désamiantage de l'ancien porte-avions Clemenceau. Elle, défend chèrement sa peau. "C'était un dossier très interministériel et donc personne ne s'est senti responsable, il faut revoir les procédures", a-t-elle expliqué samedi à quelques journalistes.

Toujours en pantalon, même aux cérémonies où les femmes étaient priées de porter une robe ou une jupe, la ministre reste au combat. Un militaire note avec satisfaction qu'elle "a repris du poil de la bête", bien que l'intervention finale du président dans l'affaire du Clemenceau ait sonné comme un désaveu.

Le contraste est saisissant avec Christine Lagarde, inconnue du grand public, et qui semble décidée à le rester. Devant les patrons français, réunis dimanche à New Delhi pour discuter de leurs expériences commerciales en Inde, en présence de la presse, la ministre du commerce extérieur est restée quasi muette. M. Chirac a fait une première tentative, aimable : "Christine, vous voulez dire quelque chose ?" La ministre a secoué son élégante tête blanche. Deuxième tentative, plus ferme, tout aussi infructueuse : "Je demande au ministre des finances ou du commerce extérieur de prendre la parole quand ils le souhaitent." Troisième tentative, vaguement découragée : "Je ne sais pas si Madame Lagarde veut..." Toujours non ! Mais M. Chirac s'entête avec les ministres de la société civile, une idée chère à Dominique de Villepin. A Paris, le premier ministre n'est pas mieux loti : la création du contrat première embauche entraîne une forte baisse de sa popularité et une mobilisation croissante.

Béatrice Gurrey

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