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Quentin, une vie à gauche !
18 octobre 2006

Trois candidats pour un fauteuil

CANDIDATS_PSCroissance, SMIC, 35 heures...Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius ont essayé mardi soir de faire valoir leurs différences lors du premier débat télévisé entre les candidats socialistes

Le tirage au sort a été favorable à Ségolène Royal. Lors du premier débat télévisé pour l'élection par les militants socialistes de leur candidat à la présidentielle, organisé mardi soir depuis un studio de Saint-Cloud par les deux chaînes parlementaires (LCP-AN et Public-Sénat), la favorite des sondages a été la première à répondre à la question : «Pourquoi êtes-vous candidate ?» «Pour faire gagner la gauche et faire réussir la France.»

Oubliant de saluer ses deux rivaux, elle s'est située sur le terrain de la proximité, «pour que l'économie ne soit pas au service de l'économie, mais de l'humain et du bien-être». Et d'empiler les désordres : désordre «de la précarité», «de l'environnement», de «la baisse du pouvoir d'achat», de «l'anarchie financière». A l'adresse de ses opposants qui l'accusent d'être sans fond, la députée l'a joué modeste : «Je n'ai pas aujourd'hui réponse à tout».

C'est par un autre angle d'attaque que Dominique Strauss-Kahn a abordé le débat : il s'est adressé aux militants PS «qui ont peur que ces débats nous desservent». Un brin paternel, il «veut les rassurer. La démocratie permet d'éclairer les choix. Et ce qui nous rassemble est beaucoup plus fort que ce qui nous divise».

Quant à Laurent Fabius, il a creusé son sillon, à gauche toute. «Je suis candidat parce qu'il y a des inégalités, des injustices que je n'accepte pas, qui doivent et qui peuvent changer, des millions de salariés qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Dans ma commune ouvrière de Grand Quevilly, les restos du coeur servent six fois plus de repas qu'il y a vingt ans», a-t-il ajouté.

Après cette entrée en matière, les trois postulants à l'investiture PS, interrogés par les journalistes Emilie Aubry et Emmanuel Kessler sont entrés dans le vif du sujet. Bien calés derrière leur pupitre. Sans jamais se regarder ou presque. Ségolène Royal se livre d'abord à un cours d'économie, parfois un peu laborieux : «Une entreprise qui licencie massivement va voir ses charges diminuer, sa valeur ajoutée augmenter, mais va détruire de la valeur travail.» DSK établit un diagnostic sombre, évoquant «le risque de déclassement» des salariés face à «une mondialisation qui tire les salaires vers le bas.». Quant à Fabius, son diagnostic est simple : «précarité et décrochage». Et l'ex-Premier ministre de dénoncer «cet hyper-capitalisme mondial et financier» qui «lamine tout».

Comment relancer la croissance ? Pour Royal, cela passe d'abord par les régions : «La France de demain, c'est cette France des pôles de compétitivité, là où se trouve la matière grise, la compétitivité industrielle, les synergies. Si je suis élue, je réunirai la totalité des régions de France.» Parlant «micro crédit» et «économie solidaire à relancer», elle «travaillera au plus près du niveau local.» DSK ne voit lui qu'une solution : faire revenir «la confiance». Et pour l'installer, il propose «une grande négociation, un "pacte de l'Elysée" sur le pouvoir d'achat, le Smic, les retraites». Il prend même l'engagement «de prendre contact avant même la présidentielle avec les syndicats et le patronat» afin que le processus puisse «aboutir avant la fin 2007».

Fabius en revient à la relance par le pouvoir d'achat. S'il est élu à l'Elysée, l'ancien Premier ministre promet une augmentation immédiate des salaires, en particulier du SMIC qui recevra un coup de pouce de 100 euros «dès les premiers jours». Sur ce point, DSK exprime «un point de désaccord» avec Fabius. «Si on veut donner du pouvoir d'achat, il faut traiter tous les salaires et aussi la revalorisation des carrières». Réplique de Fabius :«Si on croit que c'est en modifiant un peu le taux de ceci ou de cela qu'on arrivera à surmonter la mondialisation financière, les délocalisations, on se trompe, et c'est pire, on trompe». Pour Royal  il faut aussi traiter les salaires modestes car «on va tirer vers le bas tous les salairiés juste au-dessus du Smic».

Petites passes d'armes aussi sur les 35 heures. Laurent Fabius propose non seulement qu'elles soient maintenues, mais «généralisées» aux petites entreprises. Strauss-Kahn refuse, lui, de s'appesantir : «C'est un sujet qui est un peu derrière nous», affirme-t-il, souhaitant «dépasser cette question». Mais il reprend : lorsque la gauche était au pouvoir entre 1997 et 2002, elle a créé «deux millions d'emplois». «Nous ne sommes pas des magiciens. Mais on l'a fait .Et ça interdit de dire qu'on ne peut pas le refaire.»

Attaquée il y a plusieurs mois pour avoir critiqué les 35 heures, Royal assume et «ne veut pas réciter des formules». Elle a rappelé que «pour une minorité de salariés», les 35 heures ont été «une régression, avec l'accélération des cadences et plus de flexibilité», qu'il faudra «corriger».

Avant le débat, François Hollande avait mis en garde «ceux qui pourraient se comporter mal», pronostiquant qu'«ils seront jugés sévèrement» par les militants au moment du vote. Les trois candidats à l'investiture socialiste ont donc soigneusement évité de s'écharper. En conclusion, Fabius a quand même jugé ses concurents «flous» sur le SMIC et les 35 heures DSK lui a répliqué qu'il se trouvait plus «complet» et que lui s'engageait «à ne promettre que ce qu'on pourra tenir». Royal a terminé par une note d'humour. La «différence visible sur laquelle je n'insisterai pas» : sa féminité. Sans insister.

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