L'Unef salue les "avancées importantes" de Valérie Pécresse
A l'issue de la rencontre des syndicats étudiants avec la ministre de l'Enseignement, Bruno Julliard se félicite des "garanties nouvelles" qu'elle a présentées. Au même moment, des milliers d'étudiants et de lycéens manifestaient dans toute la France.
Le
président de l'Unef, Bruno Julliard, s'est félicité, à la sortie de son
entrevue avec la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse,
qu'elle ait fait "des avancées importantes" sur l'accompagnement de la
loi sur l'autonomie des universités. Il demande que les assemblées
générales d'étudiants les prennent "en compte".
La ministre recevait cinq syndicats étudiants représentatifs pour
"discuter des préoccupations des étudiants, et avancer notamment sur
deux chantiers ouverts depuis juin : la réussite en licence et les
conditions de vie étudiante.
Bruno Julliard estime avoir obtenu "des engagements" contre les volets
les plus "néfastes" de la loi sur l'autonomie des universités. L'Unef
va donc consulter ses instances et rendre son avis sur la suite à
donner au mouvement "dans les 48 heures".
Pas de sélection à l'entrée
Selon Bruno Julliard, la ministre a annoncé que la dépense de l'Etat
par étudiant serait portée à 10.500 euros contre 7.000 actuellement par
an, que le cadrage national des diplômes resterait en vigueur, "avec
l'objectif qu'un diplôme validé n'importe où sur le territoire sera
valable dans toutes les universités".
La ministre a également confirmé qu'il n'y aurait pas de possibilité de
sélection à l'entrée des universités, se déclarant "favorable" à la
diffusion d'un texte réglementaire en ce sens. Valérie Pécresse a
également rappelé que la loi ne permettait pas l'augmentation des frais
d'inscription et que cette disposition "sera maintenue", selon Bruno
Julliard.
"Garde-fous"
Par ailleurs, un plan pluriannuel pour la réussite en licence devrait
être mis en place à partir du 1er janvier 2008, tandis que la situation
des étudiants boursiers sera également améliorée pour 100.000 d'entre
eux, les moins favorisés. "Nous considérons que ces annonces apportent
des garanties nouvelles qui représentent des garde-fous par rapport aux
inquiétudes exprimées, même si des problèmes importants restent à
traiter, comme la précarisation des personnels, sur laquelle nous
n'avons pas eu de réponse", a déclaré le président de l'Unef à l'issue
de 45 minutes d'entretien avec la ministre. L'Unef, "à partir de ces
nouveaux éléments, demande aux assemblées générales de prendre en
compte ces avancées pour la suite du mouvement". Le syndicat étudiant
rendra sa propre décision "sous 48 heures", mais considère d'ores et
déjà qu'"il s'agit aujourd'hui d'avancées réelles et concrètes".
3.000 manifestants à Paris
Mais, mobilisés depuis près d'un mois, plusieurs milliers d'étudiants
et lycéens manifestaient, au même moment, à Paris et dans plusieurs
villes de province contre la loi sur l'autonomie des universités.
Quelques milliers d'étudiants et de lycéens (3.000 selon la police) ont
défilé, mardi à Paris. Partis de la place de la République vers 15h30,
les manifestants devaient se rendre jusqu'aux abords du ministère de
l'Enseignement supérieur. Là, un impressionnant dispositif policier a
été déployé, avec notamment la présence d'un canon à eau.
Le cortège était composé en grande majorité de lycéens qui scandaient
"Pécresse, si tu savais ta réforme où on se la met!", "Non à la
privatisation", ou encore "Fac privée, ça va chauffer!".
"Non aux études à deux vitesses"
Malgré la faible mobilisation de la précédente journée d'action, le 22
novembre, les manifestants entendent maintenir la pression sur le
gouvernement, qui alterne dialogue et fermeté. A Marseille, un millier
d'étudiants et de lycéens avaient défilé dans la matinée entre
l'université Saint-Charles et le quartier portuaire de la Joliette. A
Bordeaux, 1.500 étudiants et lycéens selon la police, 2.000 selon les
organisateurs, ont sillonné à la mi-journée les rues du centre-ville.
"Non à la loi Pécresse et aux études à deux vitesses", proclamait une
banderole.
Même situation à Rouen, où les manifestants étaient un millier selon la
police, 1.500 à 2.000 selon les organisateurs. Entre 850 et 1.000
étudiants et lycéens, selon les sources, ont défilé dans les rues de
Lyon, 1.400 à 3.000 à Rennes.
150 lycées bloqués
Selon l'Union nationale lycéenne (UNL), cette journée est d'ores et
déjà un succès avec le blocage de 150 lycées à travers la France, dont
20 à Paris, et la participation de milliers d'adolescents aux
manifestations. L'Unef estime que 43 sites universitaires restent
bloqués ou fermés, et 67 universités sont "sensibilisées" au mouvement.
Sud-Etudiant parle de 46 sites bloqués ou faisant l'objet d'une
fermeture administrative.
Toutefois, le front anti-loi Pécresse s'était fissuré le week-end dernier.
Les délégués de l'Unef ont claqué la porte de la coordination
nationale, qui se présente comme la seule instance légitime pour
s'exprimer au nom des étudiants et exige le retrait de la loi, alors
que le syndicat étudiant est d'accord pour négocier des moyens accrus
pour l'université. (Avec AP et Reuters)