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Quentin, une vie à gauche !
13 novembre 2005

A la une de RéSo - Des mots qui font mal

arton18111Après quinze jours de violences urbaines sans précédent, on pouvait s’attendre à ce que chacun fasse preuve de responsabilité devant la gravité de la situation.
son passage dans l’émission de France 2, "A vous de juger".

Mais la responsabilité n’est pas toujours une valeur partagée en politique. Nicolas Sarkozy en a de nouveau apporté la preuve lors de


Reprenant à son compte, l’amalgame préféré du Front National mêlant la délinquance à l’immigration, Nicolas Sarkozy a multiplié les provocations verbales devant un auditoire et des journalistes un peu trop sages pour ne pas apparaître conciliants.

Pour le Ministre de l’Intérieur, la France serait en guerre. Contre qui ? Les trafiquants, les caids et autres racailles qui agissent à "quelques minutes du cœur de nos villes". Oui, les "braves gens veulent avoir la paix" et ne pas soutenir, aujourd’hui, la politique répressive du gouvernement reviendrait presque à un crime de haute trahison.

Lilian Thuram intervient publiquement pour critiquer les propos du Ministre ? Nicolas Sarkozy répond sans ambages : " Qu’est-ce qu’il vient faire Lilian Thuram là-dedans ? Lilian Thuram c’est un très grand champion de football qui gagne très bien sa vie et ce n’est pas un reproche. En quoi est-il concerné par cela ?"

En quoi Thuram est-il concerné ? Tout simplement parce qu’il fait des citoyens qui, comme nous, sont révoltés par ce qui se passe aujourd’hui.

Personne n’entend cautionner les violences urbaines qui se déroulent dans les quartiers populaires. Brûler une voiture, incendier une école, détruire des services publics, agresser des concitoyens est inexcusable. Mais pas inexplicable.

Il y a des raisons évidentes au mal des quartiers populaires. Une misère sociale qui s’est accrue avec le retour de la droite aux affaires, en 2002. Un malaise identitaire qui s’est creusé avec les stigmatisations à répétition d’une société apeurée. Mais il y a aussi, aux sources du problème, une crise politique qui a laissé une rupture démocratique s’installer entre les élus et nos concitoyens les plus précaires.

Cette crise politique, Nicolas Sarkozy semble déterminer à en tirer profit. A quelques mois de l’élection présidentielle, le Ministre de l’Intérieur égrène les mots populistes pour mieux attiser les maux du peuple.

Ces formules faciles, ce vocabulaire simpliste et les amalgames à répétition ne sont pas anodins.

Ils constituent l’expression la plus aboutie d’une stratégie politique délibérée. Apprenti sorcier des temps modernes, Nicolas Sarkozy se réfugie dans la démagogie pour asseoir un socle électoral plus large pour la droite française.

« Le parler vrai, le parler simple, le parler direct va devenir un impératif de la scène internationale comme il l’est devenu de la scène nationale », déclara le Président de l’UMP lors d’une conférence à Herzliya.

Ce "parler vrai" de Sarkozy ne simplifie pas seulement le vocabulaire employé. C’est la réalité même qui est simplifiée, raccourcie, transformée et au final détournée pour mieux imposer une politique sécuritaire.

L’année dernière, une étude menée par un cabinet de communication a ainsi établi à 1.500 le nombre de mots employés en public par le Nicolas Sarkozy.

1.500 mots, cela constitue l’une des palettes de vocabulaire les plus restreintes pour un responsable politique en France. C’est aussi précisément le même nombre de mots que ceux qu’utilise Jean-Marie Le Pen dans ses discours...

Face à des mots qui font mal, la Gauche ne peut rester silencieuse. Tout en condamnant les actes de violence, les responsables politiques des partis de Gauche doivent dénoncer fermement cette escalade démagogique.

Ils doivent, de la même façon, adopter une position collective sur les mesures prises par le Gouvernement pour lutter contre les violences urbaines. Le recours à la loi du 3 avril 1955 est injustifié et cultive encore des amalgames dangereux. Nous attendons de nos élus qu’ils défendent nos droits.

Enfin, nous attendons de la Gauche qu’elle offre un débouché crédible à la désespérance sociale dans laquelle sont plongés les quartiers populaires depuis trop d’années.

En s’appuyant sur ses relais locaux, associatifs et syndicaux, la Gauche a les moyens d’élaborer des réponses globales pour combattre les inégalités territoriales : remise en place de 50.000 emplois-jeunes et de la police de proximité, augmentation des subventions aux associations de terrain, élaboration d’un programme européen de restructuration et de solidarité urbaines et surtout un véritable plan pour "l’égalité réelle et la mobilité sociale" donnant les outils politiques pour lutter contre les inégalités de destin, les discriminations et la précarité dont sont victimes les jeunes.

Pour construire ce dialogue, un rassemblement national des quartiers populaires doit être immédiatement convoqué par les partis de la Gauche.

Face à Sarkozy et à la droite, nous croyons à une alternative. Il est plus que temps de la construire.

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