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Quentin, une vie à gauche !
17 juillet 2006

Allocation de rentrée universitaire : la mesure de rattrapage du gouvernement ?

Le gouvernement vient d’annoncer une allocation de rentrée universitaire dont bénéficieront 500 000 étudiants. Une allocation donc de plus, dans le maquis très dense des revenus versés par notre Etat-providence à la générosité sans fin. Avec des finances usées jusqu’à la corde. De la politique? Non, cela s’appelle de l’électoralisme, surtout à moins d’un an d’une élection majeure.

Ce que l’on subodorait a été confirmé par le président Jacques Chirac dans son intervention du 14 juillet dernier. Il ne faut pas en effet s’y tromper. Si Jacques Chirac a dit qu’il était favorable à l’allocation étudiante, elle devrait sans aucun doute entrer en vigueur dès la rentrée prochaine. Une mesure qui devrait s’appliquer à 500 000 étudiants boursiers, ou issus de classes moyennes modestes exclus du système des bourses. De 50 à 60 millions d’euros auraient déjà été provisionnés sur le budget.

Cette décision ressemble à s’y méprendre à une mesure de rattrapage, ou pour emprunter au lexique du football, à une compensation, de la part du gouvernement envers les jeunes. Un rattrapage afin de faire oublier le terrible échec, disons même le fiasco retentissant, du contrat première embauche au début de cette année. Le gouvernement a besoin de redorer son blason auprès de la jeunesse. A moins d’un an des élections présidentielles et des élections législatives, le gouvernement se doit de mener une offensive de charme envers les jeunes, et de ne pas laisser ses adversaires bénéficier de l’amertume, voire de la rancœur, née du CPE. C’est chose faite. Ou, en tous cas, c’est un premier pas.

Voilà une décision qui rappelle étrangement celle du candidat Jacques Chirac en 1995, quand il avait mis fin au service militaire obligatoire. A l’époque, cette décision s’était avérée payante d’un point de vue électoral, puisque les jeunes avaient voté en majorité pour le leader du feu RPR (Rassemblement pour la République, ancêtre de l’UMP). En ira-t-il de même pour l’actuel gouvernement ? En particulier pour le premier d’entre eux, Dominique de Villepin ? Rien n’est moins sûr. Les temps changent. Les électeurs aussi. Comme dans tout pari, on est soit gagnant, soit perdant.

Ceux et celles qui croient que le Premier ministre a renoncé à ses desseins présidentiels se leurrent. D’où cette initiative à l’intention des jeunes, en espérant les faire revenir sur le bon chemin. Et donc les convaincre de faire le bon choix le moment venu. En d’autres termes, qu’ils se rappellent cette généreuse attention.

Certes, l’éducation est un droit universel. C’est par conséquent inadmissible que des jeunes talentueux, au fort potentiel, soient exclus du système, interdits d’études supérieures pour des raisons exclusivement financières. L’argent ne devrait pas être discriminatoire. Dans ce sens, il est impératif de la part de l’État-providence de venir en aide aux plus démunis. L’éducation, faut-il rappeler, fait partie des missions régaliennes de l’État.

Cependant, cette mesure est discutable. Car l’État va au plus facile. Au plus simple. Et ses initiateurs comptent en tirer les dividendes électoraux. Or, une fois de plus, au plus haut de l’État, on fait les choses à moitié. Dans le même temps, en effet, il faudrait accompagner cette mesure de réformes visant à une refonte du système éducatif, lui permettant, par exemple, une meilleure adéquation entre les formations et les besoins des entreprises, ou encore d’une réflexion sur le statut des universités, véritable serpent de mer depuis des lustres.

Une nécessité absolue, en ces temps de concurrence acharnée que se livrent les nations pour attirer les meilleurs éléments. Car tous les experts le disent, l’affirment haut et fort et le répètent, l’efficacité du système éducatif et la qualité de la formation deviennent des éléments décisifs dans la compétitivité des nations, et donc dans leur capacité à jouer un rôle moteur dans l’innovation et dans la maîtrise des enjeux économiques d’aujourd’hui et de demain.

D’où cette désagréable impression d’électoralisme, surtout à un an d’élections majeures (présidentielle et législatives), et non de politique. Privilégier le court terme sur le long terme : un mal bien inhérent à notre classe politique. Et dont a priori elle ne semble pas encore prête à s’immuniser.

C’est regrettable, car, au bout du compte, c’est de la perte de temps.

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