Grogne des étudiants : Pécresse se dit "très attentive"
Tandis que plusieurs universités sont bloquées, occupées ou fermées à Paris et en province pour protester contre sa réforme, la ministre réclame "un peu de patience".
L'université du Mirail bloquée pendant la crise du CPE en mars 2006 (AP)
La
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie
Pécresse, s'est déclarée "très attentive" au début de grogne étudiante
contre sa réforme des universités, qui se manifeste dans plusieurs
facultés à Paris et en province, bien qu'il ne lui paraisse "pas
justifié". Interrogée sur France Info, elle a déclaré: "Je suis très
attentive à ce qui se passe dans toutes mes universités. Ma réforme -
la loi sur l'autonomie qui est passée au mois d'août - est un socle
pour une réforme de cinq ans de l'enseignement supérieur qui vise à
améliorer le fonctionnement des universités", et "je regarde très
attentivement tout ce qui pourrait se mettre en travers du chemin de
cette réforme."
"Mécontentement pas justifié"
La ministre a réclamé "un peu de patience pour que la loi puisse porter
ses fruits", estimant que "c'est paradoxal qu'au moment où l'Etat se
réengage, au moment où l'Etat décide d'accompagner les universités pour
qu'elles soient plus puissantes, plus fortes, pour qu'elles assurent
une meilleure insertion professionnelle des étudiants (...), qu'à ce
moment-là, il y ait un mécontentement qui ne me paraît pas justifié".
Blocage et barricades
Lundi, plus d'une centaine de personnes ont occupé pendant quelques
heures le site de Tolbiac de l'université de Paris-I. A Rennes, des
étudiants de Rennes 2 ont voté mardi après-midi le blocage de
l'université, au cours d'une assemblée générale qui a rassemblé 800
personnes selon l'Unef. Les étudiants de Rennes 2 (lettres et sciences
humaines) ont décidé de rejoindre ceux de Rennes 1 (droit et sciences)
pour une manifestation jeudi à 14h30 dans le centre-ville. L'assemblée
a également voté le principe de l'accueil d'une coordination nationale
étudiante ce week-end sur le campus de Rennes 2. A Toulouse, environ
150 étudiants ont bloqué mardi 6 au matin une des entrées des bâtiments
de la faculté du Mirail. Les grévistes ont érigé des barricades de
tables et de chaises à l'entrée de plusieurs amphithéâtres de
l'établissement afin d'empêcher le déroulement des cours. En fin de
matinée, le mouvement a été reconduit lors d'une assemblée générale. Le
président de l'université, Daniel Filâtre, s'était opposé lundi à un
blocage de la faculté, qui compte 23.000 étudiants.
Barrages filtrants
A Perpignan (Pyrénées-Orientales), près de 200 étudiants ont voté mardi
la grève dans la principale faculté de la ville avant d'installer des
barrages filtrants aux deux principaux accès de cet établissement. A
Tours (Indre-et-Loire), des étudiants ont voté lundi le blocage de la
faculté de lettres François Rabelais. A Rouen (Seine-Maritime), la
faculté de lettres, de psychologie et de sociologie est bloquée depuis
le 30 octobre. Une assemblée générale à laquelle ont participé lundi
environ 2.000 étudiants a décidé de la poursuite de la grève. Une
manifestation est prévue jeudi soir dans les rues de Rouen.
Fermetures administratives
Paris I et Aix-Marseille ont fermé leurs sites d'Aix-en-Provence et de
Tolbiac à Paris depuis la semaine dernière, et le collectif contre
l'autonomie des universités (CCAU) s'est élevé mardi contre ces
fermetures administratives décidées par les présidents des universités
où "la grève et le blocage sont votés", limitant ainsi fait "la
massification du mouvement". Ce collectif d'extrême-gauche, réunissant
Sud-Etudiant, la fédération syndicale étudiante (FSE), un groupe
minoritaire de l'Unef, les Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR)
et l'Union des étudiants communistes (UEC), a organisé ces dernières
semaines des assemblées générales dans plusieurs universités. "Pendant
le CPE, il y a eu quelques fermetures mais pas en début de mouvement.
Là, on a l'impression que les présidents d'université se sont consultés
et que, quand une AG vote la grève ou le blocage, ils décident la
fermeture administrative", a déploré Igor Zamichiei, de l'UEC.
Abrogation de la loi
Le collectif a précisé que 48 assemblées générales avaient été
organisées depuis deux semaines, dont "33 à plus de 100 étudiants et 7
à plus de 500 participants". Il appelle les étudiants à se joindre à la
mobilisation des 8, 14 et 20 novembre, une nouvelle coordination
nationale devant se réunir ce week-end à Rennes II. La "revendication
principale" du collectif est l'abrogation de la loi relative aux
libertés des universités du 11 août 2007, mais il exprime également des
"convergences avec les revendications des salariés" (franchises
médicales, pouvoir d'achat...).