Toulouse, Nantes, Grenoble , Pau et Nanterre en grève
Au total quinze universités ont voté la grève ou un blocage de leur établissement. D'autres assemblée générales sont prévues d'ici la fin de la semaine. Un manifestation a rassemblé plusieurs centaines de personnes à Paris.
Plusieurs
organisations étudiantes appelaient à une journée d'action, jeudi 8
novembre, contre la loi sur l'autonomie des universités, alors qu'une
trentaine d'universités sont désormais touchées par un mouvement de
contestation, selon l'Unef. A Toulouse, Nantes, Pau, Grenoble et
Nanterre les assemblées générales d'étudiants voté la grève.
L'université Lyon 2 sera bloquée à partir de lundi
Des assemblées générales sont par ailleurs prévues d'ici la fin de la
semaine dans 35 universités, selon l'Unef, mais seulement une dizaine
étaient touchées par des blocages sporadiques mercredi et depuis le
début du mois, notamment les facultés d'Aix-en-Provence, Toulouse-Le
Mirail ou encore Tolbiac à Paris.
Jeudi, la journée devait par ailleurs être marquée par des actions
locales décidées par les étudiants en assemblée générale. Des
manifestations étaient notamment prévues à Rouen, Toulouse, Rennes ou
encore à Paris. Dans la capitale, une manifestation rassemblait en
cours d'après-midi quelques centaines de personne sur la place de la
Bastille. Le cortège devait ensuite prendre la direction du ministère
de l'Enseignement supérieur.
Nanterre occupée
L'université Paris X-Naterre a voté jeudi le blocage et l'occupation
jusqu'à lundi de la faculté Paris X-Nanterre lors d'une assemblée
générale qui a réuni plus de 800 étudiants.
Le blocage de la faculté a été adopté par 615 voix, contre 199
étudiants qui s'y opposaient, notamment pour pouvoir continuer à
assister aux cours.
La motion sur l'abrogation de la loi sur l'autonomie des universités a par ailleurs été adoptée à une écrasante majorité.
Après le vote, les organisateurs de l'AG ont appelé les étudiants à
être "présents demain (vendredi) à 7H00" pour que le blocage soit
effectif.
Le débat, qui a duré deux heures, a été très animé, plusieurs étudiants
appelant à refuser le blocage et récoltant des bordées de sifflets et
de huées, mais aussi des applaudissements, dans un amphithéâtre de 400
places plein à craquer.
Visiblement hésitant à appeler au blocage avant l'AG, le syndicat Unef
s'est finalement rangé à cette position, une de ses responsables
expliquant qu'"il n'y a qu'un moyen de discuter avec Nicolas Sarkozy,
c'est le rapport de forces".
Pau en grève jusqu'à lundi
A Pau, plus d'un millier d'étudiants du campus ont voté en assemblée
générale la grève et le blocage de l'université, qui accueille les UFR
de Droit, Sciences et Lettres, jusqu'à la prochaine assemblée générale
qui se tiendra lundi, a-t-on appris de source syndicale étudiante.
Une assemblée générale doit se tenir lundi à 13H00 pour décider de la suite du mouvement, a-t-il précisé.
Le campus de Pau, qui dépend de l'UPPA (Université de Pau et des pays
de l'Adour, 12.300 étudiants répartis sur cinq sites) accueille à lui
seul 8.500 étudiants.
Barrages filtrant à Grenoble
A Grenoble/Saint-Martin d'Hères, environ 500 étudiants, réunis en
assemblée générale jeudi après-midi, ont voté la grève immédiate pour
protester contre la loi Pécresse.
Cette grève a été votée à main levée par une grande majorité des
participants. Elle sera assortie de la mise en place de barrages
filtrants devant les bâtiments, mais il n'est pas question, pour
l'instant, d'un blocage total, ont décidé les étudiants au cours de
cette AG.
"L'université sera uniquement bloquée les 14 novembre, 20 et 29
novembre, journées prévues pour des manifestations nationales dans les
transports et à EDF-GDF, puis dans le cadre des grèves dans la fonction
publique et dans la magistrature", a précisé l'un des participants qui
a désiré garder l'anonymat.
Les principaux syndicats, ainsi que des étudiants non-syndiqués, ont participé aux débats.
Quelques étudiants non syndiqués ont expliqué aux journalistes qu'il
s'agissait d'un mouvement solidaire, "une coordination de syndiqués et
de non-syndiqués pour élaborer des revendications communes et autogérer
les prochaines assemblées générales".
"Nous allons réfléchir sur les actions à mener, créer des commissions
afin d'élaborer et approfondir nos revendications, mais aussi informer
les étudiants présents sur le campus", ont-ils ajouté dans un brouhaha
général et l'intervention bruyante de quelques contestataires
anti-syndicalistes.
Une nouvelle assemblée générale doit avoir lieu mardi prochain sur le campus.
Environ 40.000 étudiants sont inscrits sur le campus de Grenoble/Saint-Martin d'Hères.
La grève reconduite jusqu'au 13 novembre à Toulouse
A l'Université de Lettres et de Langues de Toulouse-Le Mirail, une
assemblée générale, qui a regroupé plus de 1.500 étudiants, a reconduit
la grève jusqu'au 13 novembre.
Une grande majorité des étudiants ont également fait part de leur
volonté de voir leur lutte "converger avec celle des salariés" et ont
décidé de participer aux manifestations prévues en novembre par les
syndicats, notamment contre la réforme des régimes spéciaux de retraite.
Les personnels enseignants et non enseignants de l'Université du Mirail
(Toulouse I), réunis également en assemblée générale jeudi matin, ont
affirmé "leur convergence avec la lutte et les revendications des
étudiants contre la loi Pécresse et la régression sociale".
Etudiants et enseignants devaient se retrouver dans l'après-midi pour
une manifestation prévue sur la place du Capitole, face à l'Hôtel de
ville de Toulouse.
Reconduction également à Nantes
A Nantes également, plusieurs centaines d'étudiants ont voté jeudi la
reconduction jusqu'à mardi du blocus entamé mercredi de l'UFR de
Lettres et Sciences humaines de Nantes.
Réunis à plus de 1.300 dans un amphithéâtre, les étudiants ont exclu de
la salle les journalistes présents. De nombreux étudiants ont quitté
l'AG une heure plus tard, après un déclenchement de l'alarme incendie.
Vers 14h00, les étudiants de l'AG ont voté le blocus de l'UFR jusqu'à
mardi, a indiqué l'Unef à la presse. Ils ont également décidé de
manifester à partir de 15h00 devant la présidence de l'université pour
réclamer le droit de maintenir leur blocus durant la nuit, selon la
même source.
Quelque 200 étudiants qui avaient tenté de rester dans les bâtiments
mercredi soir ont été délogés par la police à la demande du président
de l'université de Nantes Yves Lecointe, qui s'oppose à toute
occupation de nuit des locaux.
AG confuse à Lyon 2
L'université Lyon 2 a connu elle aussi une assemblée générale confuse,
jeudi. Des étudiants ont voté le blocage de l'établissement à partir de
lundi.
Les étudiants présents lors de l'AG (500 sur les 28.000 que compte
l'université Lyon 2), étaient partagés sur la décision de bloquer
l'université dès lundi, ou d'attendre une autre assemblée générale la
semaine prochaine pour réunir davantage d'étudiants. La décision a été
prise de bloquer la fac dès lundi.
Les étudiants ont également voté la participation aux manifestations du
14 novembre sur la défense des régimes spéciaux, et le 20 novembre sur
les salaires et l'emploi dans la fonction publique.
Une autre assemblée générale est prévue lundi à 13h00 pour définir la suite du mouvement. (avec AP)