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Quentin, une vie à gauche !
13 novembre 2007

L'université en otage

Le mouvement de grogne ou de rejet qui se propage dans une partie des universités françaises depuis une quinzaine de jours présente un cruel paradoxe. En cherchant à bloquer les "facs" et en demandant l'abrogation de la loi sur l'enseignement supérieur adoptée le 11 août, les étudiants les plus radicaux ne sont-ils pas en train de se tirer une balle dans le pied ?

Certes, la loi Pécresse, du nom de la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, n'est pas la panacée aux maux dont souffre l'université. Elle ne réglera - et ne prétend d'ailleurs régler - ni le problème désespérant de l'échec massif en premier cycle, ni la coupure entre universités et grandes écoles, qui prive les premières des meilleurs bacheliers, ni le manque de moyens d'établissements sous-financés, sous-équipés et sous-encadrés. Ni, enfin, la coupure entre université et CNRS qui handicape la recherche française dans la compétition de plus en plus mondialisée des savoirs.

En revanche, elle s'efforce de poser les bases d'un renouveau en améliorant la gestion des universités et en dégrippant un système dont la complexité et les contraintes dissuadent trop souvent initiatives, innovations et dynamisme. Et elle le fait, pour la première fois, sur la base d'un accord assez large de la communauté universitaire : non seulement la loi du 11 août s'appuie pour une bonne part sur les recommandations de la conférence des présidents d'université ; mais elle a été sur bien des points négociée avec le principal syndicat d'étudiants, l'UNEF.

Autrement dit, un consensus commençait à se dégager pour que l'université française marie plus efficacement démocratisation et excellence, égalité des chances et formation des élites. Et pour qu'elle se donne les moyens - à condition, évidemment, que les pouvoirs publics y consacrent le budget nécessaire, ce qui est encore loin d'être le cas - de mieux former des étudiants plus nombreux et de rattraper son retard par rapport aux principaux pays développés. L'objectif européen, repris pendant sa campagne par Nicolas Sarkozy et partagé par la gauche, n'est-il pas de former au niveau de la licence la moitié d'une génération, contre 39 % aujourd'hui en France ?

C'est cette amorce de redressement que le mouvement actuel pourrait bien remettre en cause ou décourager une nouvelle fois. Bien sûr, dira-t-on, l'avenir de l'université n'est, en l'occurrence, qu'un prétexte commode saisi notamment par l'extrême gauche pour tenter d'élargir et de fédérer un premier front anti-Sarkozy. Comme souvent par le passé, il était probablement inévitable que l'université soit prise en otage dans cette affaire. Mais c'est, pour les jeunes, le plus mauvais terrain pour manifester leur impatience ou leur révolte.

Article paru dans l'édition du Monde du 14.11.07.

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